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LA THEORIE DU JOUET

 

 

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140 pages pour vous distraire

 

 

 

Extrait de la Théorie du Jouet

 

…… Alors l’Esprit appela Adam et lui demanda quelques explications. Avec un grand courage qui perdure toujours chez ses descendants, Adam expliqua que c’était la femme qu’on lui avait  donnée pour compagne qui lui avait tendu ce fruit à manger, et que lui, n’ayant pas bien vu de quoi il s’agissait, vu qu’il était occupé à autre chose, en avait mangé, oh ! trois fois rien, un tout petit bout.

 

   L’esprit demanda alors à Eve de s’expliquer.  Oui dit-elle, mais c’est la faute du serpent qui m’a envoyé ce fruit en me disant de le manger.

 

L’Esprit pensait : Mais où vont-ils chercher tout ça ?  Néanmoins il fallait punir et bien qu’à l’origine il ne s’agisse que d’un jeu, la punition se devait d’être exemplaire car elle était partie intégrante du jeu..

 

Le serpent, qui avait assisté, interloqué, à l’entretien, et dont le seul tort avait été de rire un peu trop fort, fut le premier puni. Condamné à ramper sur le sol, à manger de la terre, à être maudit, à avoir la tête écrasée etc…  Ne pouvant partir la queue entre les jambes, et pour cause, il s’éloigna en rampant, l’air python, pardon ! Piteux et Adam crut l’entendre murmurer : salope !

 

« Quant à toi, Femme, je multiplierai les peines de tes grossesses et tu enfanteras dans la douleur.

Pour toi, Homme, qui a écouté la voix de ta femme et a mangé le fruit défendu, maudit soit le sol à cause de toi. Tu devras désormais en tirer ta subsistance à la sueur de ton front jusqu’à ce que poussière tu redeviennes poussière. »

 

 Et, ayant dit, l’Esprit disparu de la surface de l’Eden.

 

Voyant qu’ils étaient seuls, Adam se tourna alors vers Eve et lui administra deux puissantes gifles, les deux premières de l’histoire de l’humanité…..

 

 

Extrait de  Une agréable journée

 

Par la fenêtre ouverte pour laisser passer l'improbable fraîcheur de la nuit de ce mois d'août qui n'en finit pas de déshydrater nos corps moites, perce le premier rayon de soleil.

 

Closes d'un sommeil encore lourd, mes paupières ne suffisent pas à faire obstacle à  la lumière de l'astre qui éprouve un malin plaisir à titiller ma rétine rétive  à  s'éveiller au jour qui naît.

 

 Pour fuir cette lumière importune, et sans même l'avoir voulu, rageusement je lui tourne le dos.  Mon corps nu, sur les draps froissés reçoit alors comme une caresse impalpable.  Dans sa lente montée au firmament, Phoebus sur ma peau bronzée, promène, à son rythme,  ses rayons déjà chauds, tels les doigts langoureux et quelque peu pervers d'une hétaïre  consciencieuse

 

Au clocher du village, tintent sept coups.  La brise matinale apporte jusqu'à moi la vibration ouatée du bronze malmené par un bedeau toujours à l'heure et fermement convaincu de faire oeuvre de charité en rappelant aux fidèles - et aux autres qui s'en passeraient bien - qu'il y messe tous les jours et qu'il serait très heureux de voir aujourd'hui dans sa chapelle plus de monde que les trois ou quatre bigotes habituelles. Il est l'heure de se lever.

Maudissant les bedeaux, les clochers, les églises, et même ce soleil qui, lorsqu'il sera haut, va transformer ce jour en une insupportable fournaise, d'un effort surhumain, je me dresse à moitié.

 A moitié seulement, car il ne me faut point, en un seul mouvement, épuiser l'énergie qu'une nuit tout entière accumula en moi. Alors, et alors seulement, j'ordonne à mes paupières  de s'entrouvrir un peu.

 Le blanc immaculé des murs m'agresse avec tant de hargne qu'aussitôt l'envie me prend de replonger dans mon oreiller, d'y enfouir ma tête et de ne l'en plus lever. Mais le bedeau, au loin, renouvelle son appel. Grand connaisseur de la nature humaine, il sait bien, lui, qu'il ne  faut pas laisser de répits aux hommes de peu de foi.. Il me faut donc me résigner.  Sur mon lit je m'assois. Prenant bien garde de poser sur le sol, en premier, le pied droit - Se lever du pied gauche est fortement déconseillé  à qui attend de la vie un peu de bonheur et de joie.-

 

Mes yeux enfin sont grands ouverts  La lumière du jour me devient supportable..  Doucement,  je contourne le lit  et vais à la fenêtre pour fermer les volets, évitant de faire le moindre bruit..... pour ne pas l'éveiller.

 

Elle est là, couchée nue, elle aussi. Les rayons du soleil n'atteignant pas cette moitié de lit, elle n'a pas été importunée par ce lever intempestif.. Sa respiration régulière atteste de son parfait sommeil et même  les cloches n'ont pu  y mettre fin. Dors, mon amour. Les vacances  c'est fait pour ça.

 

La chambre est à présent plongée dans la pénombre. Sur les draps bleutés, ses formes généreuses  dessinent en relief d'appétissants contours. Il me semble soudain que mon pouls s'accélère, l'idée me vient de t'éveiller.. Mais comme d'habitude je n'en ferai rien.. Je m'en vais donc, un peu frustré, l'humeur morose, préparer le café..

 

 

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